From: washkonet@yahoo.frTo: washkonet@yahoo.frSent: 5/31/2009 9:04:30 P.M. Eastern Daylight TimeSubj: O Mcezo* Cie - Communiqué de presseO Mcezo* CieCommuniqué de presseCensure culturelle et artistique. Interdiction de travail à l'Alliancefrançaise de Moroni pour une compagnie de théâtre à cause des positionspolitiques de son directeur artistique, Soeuf Elbadawi, sur l'intégritéterritoriale des Comores.La compagnie comorienne de théâtre O Mcezo* est interdite de travail àl'Alliance française de Moroni, suite à une performance artistique(gungu) réalisée le 13 mars dernier dans les rues de Moroni par SoeufElbadawi, son directeur. Une performance durant laquelle il s'estexprimé avec d'autres citoyens comoriens, des artistes et desjournalistes notamment, contre le viol de l'intégrité territoriale desComores, adoptant à cette occasion la même position que la vingtaine derésolutions de l'ONU condamnant la présence française à Mayotte.La décision de déprogrammer le travail de Soeuf Elbadawi et de sacompagnie à l'Alliance française de Moroni a été notifiée par uncourrier de son directeur, Jérôme gardon, en date du 28 mai 09. Ellefait suite au limogeage du plasticien comorien Seda de l'école française(Henri Matisse) pour avoir pris part à la même performance en marsdernier. La décision avait été prise, semble-t-il, au nom del'ambassadeur de France à Moroni. La décision de Jérôme Gardon engageainsi son institution, la seule qui soit équipée pour accueillir untravail de création et de diffusion dans le pays, dans un positionnementpolitique dont le but serait d'exclure de son lieu les artistescomoriens ayant une opinion contraire à l'autorité française. Ayantmanifesté son refus de la présence française à Mayotte, Soeuf Elbadawiest déprogrammé de l'affiche.Jérôme Gardon, directeur de l'Alliance française à Moroni, au nom de soncomité d'administration, accuse Soeuf Elbadawi d'avoir été «l'instigateur d'une manifestation politique violente ». En réalité, ilfait référence à cette performance artistique réalisée le 13 marsdernier, laquelle performance se trouvait être une forme renouvelée degungu, tradition populaire, à la fois politique et culturellecomorienne, assimilable au théâtre de rue. « On organise le gungutraditionnellement contre un acte mettant la communauté en péril. Nousavons revisité cette tradition sous forme de happening théâtral pourrappeler aux gens que le viol de l'intégrité territoriale des Comoresest un acte mettant à mal la communauté d'archipel. Mais que signifie legeste de Jérôme Gardon ? Que ceux qui ne sont pas d'accord avec laprésence française à Mayotte doivent se taire sous peine d'exclusion del'Alliance française de Moroni. Je peux comprendre sa décision. Mais delà à qualifier une performance durant laquelle personne n'a étéinquiétée de « manifestation violente », je pense qu'il déliretotalement, et j'essaie d'imaginer les personnes qui vont prendre cetteindication au pied de la lettre, en se demandant si je n'ai pas commisun acte terroriste. Quelle image veut-il donner de ma personne ? Ce quele directeur de l'Alliance française vient de faire est dangereux,diffamatoire, voire pervers » explique Soeuf Elbadawi.La nature des relations entre Soeuf Elbadawi et l'Alliance française deMoroni, institution au sein de la quelle il a beaucoup œuvré du milieudes années 80 au début des années 90, et avec laquelle il a continué àtravailler ces dix dernières années, a toujours été sans concessions, niambiguïtés. Soeuf Elbadawi n'a jamais omis de préciser ce qui fonde sontravail artistique aux Comores : « l'obsession de la citoyenneté ». Cequi n'a jamais dérangé la direction de l'Alliance par le passé. JérômeGardon s'était par ailleurs engagé depuis novembre 08 à prêter son lieuà la compagnie O Mcezo* pour trois étapes de travail, dont celle quivient d'être déprogrammé du 21 juin au 3 juillet 09, afin de créer Lafanfare des fous, un spectacle autour de la dépossession citoyenne.L'attitude de Jérôme Gardon, au-delà du fait qu'elle entérine une «relation tarifée » (le silence des artistes comoriens sur la réalitépolitique nationale contre le droit d'exister dans « son » lieu), obligeà réfléchir sur la qualification (« manifestation politique violente »)utilisée pour désigner l'expression citoyenne d'un artiste impliqué dansla réalité de son propre pays. Soeuf Elbadawi s'interroge : « Ce qui estterrible, c'est d'entendre le directeur de l'Alliance dire que lesComoriens membres de son comité d'administration m'interdisent l'accèsau plateau pour avoir dit que Mayotte est comorienne. Ceci revient àdire que Jérôme Gardon s'amuse à faire se dresser des Comoriens contred'autres Comoriens. Il serait intéressant de savoir ce qu'en pense leditcomité. Ce que je sais, c'est que Jérôme Gardon donne une image indignedes institutions culturelles françaises. Il engage son lieu contre unartiste pour délit d'expression. Ma performance parlait de dignité, derespect et de liberté. Ce qui explique la manière dont la population asalué l'événement en lui-même. Et que doit-on en conclure après cetteréaction du directeur de l'Alliance ? Que les chiens doivent se taire ?Peut-être qu'il faudrait lui expliquer à Jérôme Gardon que l'inimitié,on la fabrique dans une relation de tous les jours. Je ne voudrais pastomber dans la parano de ceux qui disent que la France coupe les ailes àtous les Comoriens venant lui rappeler qu'une autre relation auquotidien est possible. Mais lorsqu'on vire le plasticien Seda del'école française, et qu'on m'interdit de travailler sur le plateau del'Alliance, il y a de quoi s'interroger. Qu'est-ce que j'ai fait dedérangeant ? Dire mon attachement à mon pays ? Inscrire mon travailartistique dans une réalité complexe ? M'interroger sur une relationtronquée entre un pays plus fort et une entité insulaire plus faible ?Mais à quoi servirait un artiste dans cet archipel s'il ne faisait queparler du sel de la mer ? ».Suite à cette décision prise par la direction de l'Alliance française deMoroni, la compagnie O Mcezo* se retrouve sans lieu de répétitions poursa troisième étape de travail. Washko Ink., qui produit le travail de lacompagnie, regrette cette situation et s'apprête à en assumer lesconséquences. Les deux structures renouvèlent leur confiance à SoeufElbadawi, et l'encouragent à inscrire davantage son travail dansl'interrogation citoyenne. Washko ink. et la compagnie O Mcezo* sontpour l'implication des artistes, des auteurs et des intellectuels comoriens.ContactCie O Mcezo* || Washko Ink.B.P. 5357 Moroni - Union des Comores - Téléphone : 00 (269) 3203048E-mail : omcezo@yahoo.fr
E-mail me when people leave their comments –

You need to be a member of New York in French to add comments!

Join New York in French

Visit our bookstore

 

 

Visit our store

Learn French