évolutions

Avertissement : article long et détaillé! Je vous le laisse quelques jours ;)

.

.

Ça fait un moment que je ne vous ai pas parlé de comment ça se passe, au jour le jour, en classe.

Ma foi, je galère encore pas mal avec certaines classes auxquelles je n'ai pour l'instant quasiment rien enseigné, je pense notamment aux 6*a et 7*a, mais aussi aux 6*c, pour les classes que je vois minimum deux fois par semaine. Avec les 8*a, que je ne vois qu'une fois,c'est très variable, et en plus, entre ma journée au consulat et mes deux jours d'absence pour cause que j'étais malade, je ne les ai pas vus depuis trois semaines.


Depuis 15 jours, des choses ont changé. Entre mes demandes de cohérence et d'aide, et la volonté de Mme la Principale d'installer un système qui permette à tous de se sentir bien dans ses baskets (moi, les élèves, l'administration) et de pérenniser l'enseignement du français dans cet établissement, le tout suivi de près par Fabrice, qui s'est même déplacé au collège, nous sommes arrivés à établir des lignes directrices, changer des choses dans l'emploi du temps. Tout n'est pas parfait, parce qu'il existe des contraintes matérielles (occupation des salles, emplois du temps des collègues ..) et parce que j'ai cherché à minimiser l'impact de mes demandes sur le travail des collègues ...


Récapitulons, pour essayer d'y voir clair.


J'ai quatre classes de 6th grade :

- les 6*a, très durs, avec une douzaine d'élèves (garçons et filles) sur 26 absolument insupportables, hurleurs, insolents, ne faisant que ce qu'ils veulent en classe. Je ne suis pas la seule à galérer avec eux, loin de là! Décision a été prise de séparer la classe en deux groupes pour le Français. L'autre groupe est sorti de la classe, et ira faire des maths avec Mat. le Lundi, et de l'informatique avec M. Pe. les Mardi et Vendredi. C'est ensemble que nous avons constitué les groupes, et mes deux collègues se sont montrés carrément sympas en disant qu'il était évident de devoir retirer tous les perturbateurs du groupe de Français. J'en ai quand même gardé deux, deux avec lesquels on peut quand même discuter. On ne commence que Lundi, et il reste un problème majeur : trouver une salle pour le petit groupe de Maths/Info! A suivre ...


- les 6*b, cadrés et guidés par leur homeroom teacher, Mi. C'est là que l'on mesure aussi l'importance du homeroom teacher, qui impulse à sa classe une personnalité, des objectifs, des stratégies, des règles.... Attention, je ne dis pas que tout repose sur le prof principal, il y a tellement d'autres facteurs pour qu'une classe fonctionne bien ou pas, à commencer par ce que j'appelle "la chimie de groupe". Les 6*b sont généralement très chouettes, plutôt attentifs, respectueux, curieux et assez bosseurs. Je les vois désormais trois fois par semaine, et une fois en cours d'Arts Plastiques, et ce sont les plus avancés dans mon programme.


- les 6*c sont vraiment nombreux, avec un groupe de garçons très caractériels, frondeurs, bagarreurs entre eux. Je les vois 4 fois, le Lundi matin et le Lundi aprem, puis deux periods d'affilée le Mercredi matin. Je suis toujours seule avec eux (ce qui n'est pas toujours le cas avec d'autres classes, où je suis secondée par un(e) autre prof), ils ne sont pas de mon académie, je rencontre donc peu leur homeroom teacher et l'équipe dirigeante. On a eu beau chercher, nous n'avons trouvé aucune solution ; impossible de créer un groupe de Français, impossible de me trouver un prof pour me seconder, impossible de changer la salle, rien. Fabrice a décidé de recruter un prof extérieur pour venir m'aider le mercredi matin, mais pour l'instant, c'est chou blanc. J'arrive à avancer dans le programme, au prix de grosses gueulantes, de moments entiers perdus à noter précisément ce que Untel vient de me dire, de faire, d'ignorer etc ..., et de sacrifices sur certaines activités que je ne sens pas. J'ai commencé à rédiger des rapports, j'ai eu un entretien avec deux gamins en présence du dean ("surgé") de l'académie, mais c'est un travail de longue haleine. Pour l'instant, je n'aime pas trop quand l'heure de les avoir approche ...


- les 6*d sont hyper nombreux, 38!! Et là aussi, il y a quelques personnalités très difficiles. Heureusement, je n'en compte que trois ou quatre, dont un particulièrement pénible. Quand il est absent, force est de constater que ça va tout de suite mieux. Le reste du groupe est malheureusement constitué de gros bavards paresseux, et c'est surtout ça qui plombe à la fois l'ambiance et la progression. Néanmoins, alors que les 6*c m'inquiètent vraiment, je suis plus optimiste avec les 6*d. Je ne les vois que deux fois en Français, et deux fois en cours d'Arts Plastiques, mais nous n'avons pas réussi à me caser une 3è period dans la semaine.

.

Ensuite, j'ai deux classes de 7th grade :

- les 7*a, dont l'attitude globale atroce dément ce que j'ai pu dire plus haut à propos de l'influence du homeroom teacher. Her. est leur HR et ce que je connais d'elle est super. Elle est très investie, très organisée, fourmille d'idées et d'astuces, mais une collègue a émis l'hypothèse qu'elle tenait les 7*a d'une telle main de fer qu'ils se lâchent avec les autres profs. Bon ... Je ne les vois que deux fois, et franchement, je n'ai absolument pas émis le moindre désir de les voir plus souvent. J'en étais à vouloir qu'on m'en débarrasse, et je suis sûre qu'en insistant, j'aurais été entendue. Mais d'une, j'ai quand même eu le temps, en 4 semaines de bordel pourri et avilissant, de créer des contacts avec les élèves qui veulent apprendre le Français, veulent bosser et me l'ont montré comme ils pouvaient au milieu des hurlements et de l'agitation. Et puis c'est la seule classe qui a déjà fait 2 ans de Français, crotte, exploitons le filon, labourons ce sillon!
Pour m'aider, Mme la Principale m'a lancée sur un projet où nous utiliserions des ordi portables individuels tous les Lundis et pour ça, elle m'adjoint tout spécialement un des informaticiens du collège. Le hic, c'est que l'informaticien n'est pas ravi ravi de se retrouver balancé pseudo-prof alors que son truc, c'est l'informatique. Le 2è hic, c'est que même si je maîtrise pas trop mal l'outil informatique, je ne l'ai jamais utilisé de cette manière en classe, et je réalise que ça demande un boulot de dingue!! Il faut tout anticiper, créer des docs très précis, les balancer sur le site de l'école pour les mettre en partage (et pour cela créer ma propre page sur le site), vérifier que chaque lien internet est autorisé par l'école et non bloqué ... Il faut avoir en tête une arborescence très précise de qui-que-quoi-quand-où-pourquoi et comment!!!!! Bref, le projet n'a pas encore démarré.
D'autre part, on a trouvé le moyen de m'adjoindre ma collègue Ja. à la fois comme "back-up" (soutien logistique) et mentor (tutrice ; elle observe mes pratiques et le groupe, et me débriefe ensuite pour me guider par rapport au système scolaire et aux pratiques pédagogiques d'ici, notamment). Divers aléas ont fait qu'elle n'a pu venir que ce Jeudi pour la première fois. Une chose m'a quelque peu "rassurée" : je l'ai vue à l'œuvre avec une autre classe et elle a un ascendant certain sur les élèves, mais là, elle s'est fait bordéliser tout pareil que moi. A l'issue de ce cours, nous sommes tombées d'accord sur le fait que la salle du Jeudi est affreusement petite, très mal foutue et que les tables n'y sont pas organisées de la manière la plus optimisée + pas de bureau pour le prof, etc. Sinon, c'est un peu les mêmes choses qui reviennent : des consignes pas assez précises pour ce type d'élèves, éviter le recours au tableau, privilégier l'ordinateur et le smartboard (entre autres pour ne pas leur tourner le dos, ou les perdre définitivement tandis que j'efface des choses), ne pas hésiter à impliquer des élèves dans toutes les tâches annexes telles que distribuer un document, brancher l'ordinateur, effacer le tableau, collecter des travaux ...

Jeudi, j'ai eu l'occasion de discuter en tête-à-tête avec l'une des filles les plus perturbatrices du cours. Le choc! Ab. s'est montrée charmante, à l'écoute, très construite dans son argumentaire, cultivée, souriante, avec des idées et des propositions ... Je reste bien sûr sur mes gardes, mais ça m'a fait quand même du bien d'avoir une conversation intelligente et pacifique avec l'un de ces "monstres"! Il me reste à faire la même chose avec au moins 8 ou 9 autres élèves ... Et à bosser comme une dingue pour ce projet informatique ...


- les 7*b sont un cas très particulier dans mon emploi du temps. Avec les 6*c, c'est la seule autre classe à appartenir à une autre académie que la mienne, je ne les vois qu'une fois (deux periods d'affilée cela dit) et sous le label "elective", c'est-à-dire que le Français est un option qu'ils ont choisie. En vrai ils avaient le choix entre deux matières seulement, Espagnol ou Français et déjà, si tu n'aimes pas les langues, c'est foutu .... Une série de cafouillages a complètement fichu en l'air notre premier contact, et c'est avec eux que Mme la Principale était venue passer deux heures en classe avec moi. Depuis, on m'a proposé la chose suivante : Mrs Ed., documentaliste, leur enseignerait le "multi-media" et à l'usage, je déciderais si je me contente de la seconder, ou si je prends juste un groupe pour le Français,ou quoi ... Mrs Ed. n'a été prévenue que le matin même du premier cours "new look" et avec les informations exactement contraires (elle me secondait, point). J'ai improvisé, ce fut un carnage, la classe hébergeant en son sein environ une dizaine de "petits rigolos" qui ne cessent d'interrompre le cours, c'est irrépressible, ou refusent catégoriquement de faire un truc. Pour les deux semaines qui ont suivi, nous nous sommes mises d'accord, et Mrs Ed. a pris les choses en main en montant des activités destinées à les discipliner, leur montrer la nécessité d'écouter, de collaborer etc ... sur lesquelles je greffais du contenu français. Hier, ça s'est carrément bien passé, et nous allons passer à l'étape suivante, les faire travailler en deux groupes, l'un faisant du français tandis que l'autre est pris en charge par elle, puis on échange, en faisant en sorte que nos deux contenus soient thématiquement liés. L'air de rien, c'est là encore un gros boulot de préparation ... Manque de bol, un Vendredi par mois elle ne sera pas avec moi, et ça commence ... la semaine prochaine! Du coup, j'angoisse un peu ... malgré la présence constante d'une maman qui a commencé à nous seconder dans la discipline.

.

Vous constatez que les deux classes que je vois le moins sont celles qui génèrent le plus de boulot pour moi, et de fait, des paragraphes plus conséquents.

.

Dans tout ça n'oublions pas que je continue de m'adapter, de découvrir des trucs, de peaufiner ce que je commence à comprendre ... et d'être consciente que j'ai des "lacunes" dues à ma méconnaissance du système. Sans parler du fait que c'est une population scolaire pauvre, bruyante, agressive, souvent déstructurée, parfois analphabète, bref, avec tous les critères d'une ZEP, et les comportements qui vont avec. Par expérience, je sais aussi qu'ils sont super attachants, et cela a déjà commencé de se manifester, ouf!

.

Si j'y suis encore, c'est que j'y vois un / mon intérêt. :D

E-mail me when people leave their comments –

You need to be a member of New York in French to add comments!

Join New York in French

Visit our bookstore

 

 

Visit our store

Learn French