Ben d’abord, c’est vrai que ça monte et ça descend ici et là à New York, et même parfois de manière rude. C’est amusant – – de se dire que le matin je descends à l’école, et le soir, je remonte … à la surface.

Quant au moral et à l’énergie de manière générale, ça fait tout pareil, et des fois c’est carrément les montagnes russes. Une minute, je suis toute regonflée, remontée à bloc – par exemple Mardi matin, après ma journée de « remise à niveau » - et la minute d’après je suis envahie par le doute, l’incrédulité et le découragement - par exemple Mardi matin, trente minutes avant mon premier cours intégralement basé sur la projection d’un clip de MC Solaar, où je découvre que l’accès à n’importe quel site de partage de vidéos est bloqué dans le collège (c’est comme ça dans toutes les écoles de New York). Hey! Ho! Je fais quoi moi maintenant??!

Bon, heureusement, j’avais préparé d’autres cours, à base de diaporamas Powerpoint (je ne devrais pas tarder à être experte en la matière), mais je reste ahurie par les contradictions parfois majeures.

Hé, hé! D’accord, mais encore faut-il réussir à connecter l’ordi au smartboard … oh peuchère misère … 30 minutes que ça nous a pris, et c’est un élève qui a fini par résoudre le souci! Mais j’avais intégralement perdu la classe depuis longtemps, même si deux autres adultes étaient présents une partie du temps. J’ai quand même réussi à leur parler de la « note d’investissement », puis j’ai fait savoir dans le brouhaha général que ceux qui voulaient faire du français devaient s’asseoir devant, et les autres se trouver une place à l’arrière. Une bonne quinzaine de gamins, en se déplaçant ou en restant devant, ont clairement passé le message qu’ils étaient partants. Je me suis adressée à eux les 5 dernières minutes du cours, répondant juste à leurs questions très diverses, sans oublier de noter au tableau les noms des élèves qui continuaient à mettre le boxon.

Je suis ressortie échevelée et luisante, agacée par tous ces obstacles techniques, mais spirituellement fermement campée sur mes positions et mes objectifs.

Même galère avec deux autres classes, mais moins longtemps. Les 6*b ont plutôt bien réagi au diaporama sur les mots transparents, mais beaucoup ne donnent pas suite, c’est-à-dire ne notent pas le peu que je leur demande d’écrire sur la feuille de leçon. Les 6*d … les mignons 6*d des débuts … sont infâmes, et je passe l’heure à relever les noms, exiger qu’ils fabriquent un mini-chevalet avec leur nom dessus - j’ai un mal fou à mémoriser les noms, alors que d’habitude, c’est un de mes points forts en début d’année

Je termine avec les 8*a. Ouh la, ils sont plus nombreux que la fois dernière, qu’est-ce à dire? Après comptage, nous ne sommes jamais qu’à 24, et je leur annonce qu’avec une collègue, je suis en train de mettre au point l’échange avec une classe française. Quand je lance le diaporama (toujours mon même pauvre diapo sur les mots transparents), quelques élèves continuent de bavarder mais globalement, j’ai l’attention de la majorité. Le dean, passe deux fois dans la classe et me dira plus tard que pour lui, c’était tout bon.

Et pour aujourd’hui, je crois que j’étais dans l’esprit « Je prends mon mal en patience mais je ne lâcherai pas l’affaire ». Les 6*c, deux period d’affilée, ont été durs, mais si je regarde de plus prés, une quinzaine d’élèves était avec moi. Idem avec les 6*b. Quant aux 6*d, aujourd’hui je les voyais en cours d’Arts Plastiques. J’ai eu une belle déception quand j’ai ramassé les homework consacrés aux couleurs (ils devaient colorier une reproduction du « Joueur de Fifre » de Manet, ou des « Tournesols » de Van Gogh), puisque seuls 13 sur 34 me l’ont rendu …

Par ailleurs, dès que je croise quelqu’un de l’administration, j’ai choisi de désormais répondre que « ça va », même si ça va pas, histoire de ne plus avoir cette désagréable impression de les agacer. Mais moi, ils m’agacent un peu, car en fait ils ne demandent pas toujours « Comment ça va? », ils demandent direct « Vous allez bien? », avec une intonation qui ne relève presque pas de la question mais de l’affirmation. Oui bon ben, si vous le prenez comme ça, je vais bien.

Le vrai test de ma « zénitude », c’est demain Jeudi avec les 7*a. Sachant que grâce à une collègue, j’ai pu télécharger les vidéos sur l’ordi, je me sens parée dans le sens où j’ai un vrai truc à proposer (de leur point de vue d’élèves habitués à travailler avec la technologie de « pointe »). S’ils pourrissent l’activité, d’une certains élèves volontaires vont s’énerver après leurs camarades, de deux c’est leur choix, de trois je continue à lister les perturbateurs pour une convocation chez le dean, etc…

C’est pas gagné, d’autant que toutes mes listes de classes ne sont pas à jour, que je suis loin de connaître tous les noms, que je ne suis pas encore super organisée par manque de matériel … et que je n’ai pas envie de bouffer mon forfait de portable pour appeler les parents!

Et parce que dans ce métier, et surtout, surtout, dans des établissements difficiles … rien n’est jamais acquis!

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Les montagnes russes, quoi …

NB 1 : mes excuses pour les quelques fautes qui émaillent mes articles ; le clavier de mon portable tout neuf ne supporte pas le climat new yorkais, et y’a pleins de faux contacts. Malgré le correcteur d’orthographe et mes relectures, je ne vois pas tout.

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NB 2 : les mots transparents sont ds mots identiques dans deux langues. Ainsi entre le français et l’anglais, il existe des centaines, voire des milliers de mots similaires ou très proches, comme « crocodile », « situation », lamp », « elephant » … J’aime bien aborder ça très tôt dans l’année : tout en rassurant les
élèves, cela permet d’approcher doucement la phonologie.

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