De nos bancs de Khâgne et nos disputes platoniciennes, nous avons gardé cette aspiration à un dialogue d’âme à âme.

 « … redécouvrirons ensemble la signification profonde et véritable du dialogue… »

Pour moi, c’est le défi le plus intense et le plus difficile que l’on puisse relever. L’autre est un autre monde de par son éducation scolaire, religieuse, sociale et sentimentale. Quel toupet de penser que je peux comprendre ce qui touche l’Autre et le meut !

En fait, 10 ans après mes leçons théoriques, j’ai compris que c’est un défi qui demande moins de qualités interpersonnelles( de «  skills ») que de la bonne volonté. Il faut faire preuve d’une patience divine et d’une sympathie de son interlocuteur aux frontières du réel ! Ce que j’ai appris après 10 ans d’essais ratés ou pas, c’est qu’il faut :

- Se soumettre au crible de l’Autre : accepter humblement sa critique constructive et  être ouvert au changement.

-Considérer l’Autre comme soi-même. Impossible lorsque les expériences vécues sont si différentes ? Dans le cas où on est amené à comprendre  l’indicible, il faut faire confiance et croire en la parole de l’Autre. Ce qui nous amène au concept de la Foi : choisir de croire en ce qui ne nous est pas démontré. « Take the loop of faith»

-L’enjeu est de véritablement comprendre sa condition humaine à travers l’Autre, qui est  aussi une émanation de Dieu. Traverser cet univers qui nous sépare, c'est mieux se connaitre, n'est-ce pas étrange?
 
  J’étais à Londres lors des émeutes et partage l'idée du respect de l’Autre comme fondation du véritable dialogue. Accepter la différence et la blessure nous permet de voir à travers l’incompréhension. L’utopie d’une dispute qui nous lie plus qu’elle nous sépare, ou chacun et passionné par ses idées et les soumet au crible de la Raison. Enjeu et jeux de pensées qui se disputent la meilleure contemplation de ce qui est.

« Rechercher le meilleur dans les arguments de l’autre, plutôt que le pire, lui faire confiance pour sinon nous convaincre, du moins nous surprendre, nous entraîne à plus de rigueur et de sincérité dans notre propre recherche de la vérité, de telle sorte que non seulement nous opposons des arguments plus réfléchis et fouillés à notre contradicteur, mais que nous gagnons son respect par le témoignage que nous lui donnons de la prise en compte de ses idées dans nos réflexions, de telle sorte que lui-même se sente poussé à davantage se remettre en cause et progresser vers plus de vérité et de justice. »

Voir cette dispute comme un défi qui nous enrichit et nous épanouit de perspectives nouvelles :

« …non pas une plate issue de « compromis », mais un rapport qui soit celui que j’imagine voulu par Dieu, qui préserve l’identité aussi bien que l’altérité en un même tout où chacun vit la contradiction comme un enrichissement mutuel et non comme une blessure ou une insulte…

 Un dialogue d’âme à âme… »

Avec la grâce de Dieu, pardonner nous permet d’avancer vers une réconciliation avec soi-même.

Le paradis, c'est être en paix avec l’Autre comme soi-même, au sein de Dieu.