Un petit clin d'œil interculturel avec cette vignette bienveillante... dans ma Tribune sur l'Angelena dans L'Express d'aujourd'hui qui cite la page 316 de mon livre gratuit en ligne (1)... Je la reprends ici et j'ajoute exclusivement pour les lecteurs de New York in French la suite du paragraphe qui ne figure pas dans l'extrait publié dans L'Express et qui "nous" interpellera plus particulièrement... nous invitant peut-être à une réflexion plus profonde...

"Parce qu'elle passe sa vie à organiser et à ranger, cette obsession se lit sur son visage avec la perfection de l'alignement de ses incisives étincelantes, brillant d'un émail immaculé, et toujours affichées dans ce sourire inattaquable, irréprochable, radieux, insondable autant qu'infranchissable. C'est un Himalaya hermétique au-delà duquel vous n'êtes pas invité. Tout est déjà dit dans ce sourire justement pour ne pas vous hasarder à aller plus loin: don't even try (n'essaie même pas). C'est une redoutable barrière défensive d'un extraordinaire aplomb, face auquel le Français se trouve toujours désarmé. En matière de quenottes, le Français ne joue pas dans la même cour.
Comment faire face à un tel sourire ? Impossible d'y implanter un base camp. Quel est le sens de ce rictus désarmant ? Desarming smile? Est-ce pour cacher un manque de confiance profond ? Est-ce pour "montrer les crocs" ? C'est-à-dire que derrière ces dents blanches, se trouve une ténacité bien américaine ? Tout comme les branches d'olivier et les flèches de l'effigie du billet vert, l'aigle est prêt à négocier dans un premier temps, puis à répondre par la force dans un deuxième temps. On montre le sourire d'abord, on sort les crocs ensuite. Ou bien, est-ce pour garder la blancheur d'un émail enfantin, de dents de lait inaltérables et imperméables au temps, résistant aux attaques des sucreries et ramenant vers l'enfance à tout prix ?

En Amérique, il y a une obligation d'avoir de belles dents. Vous l'incluez dans votre budget au même niveau que votre remboursement de prêt immobilier. C'est votre première carte de visite.

Cela ne date pas d'aujourd'hui puisque ce phénomène est déjà évoqué par Henry James dans La Scène Américaine sous les termes de « sourire californien » [...] « exposant plus ou moins largement en cubes de précieux émail […]. Tout le monde, dans la « société », a de bonnes, belles, solides dents, et surtout les chérit et les entretient ; de sorte que le spectacle, qu’offrent fréquemment les autres sociétés, d’étranges protubérances, carences et caries, crocs, défenses et cavités, est absent d’une manière fort rafraîchissante et consolatrice. » James, Henry, La Scène Américaine, 1907. Minos, la Différence, 2008, page 269.

Angelena, portrait d'une Américaine par une Française

www.lexpress.fr/actualite/societe/angelena-portrait-d-une-americaine-par-une-francaise_1082380.html

http://m.lexpress.fr/pl/svt/si/lexpress/po/opfr/pa/fromweb_actualite/societe/angelena-portrait-d-une-americaine-par-une-francaise_1082380.html

(1) Être Française et Américaine, cristallisations culturelles

Téléchargeable gratuitement depuis www.monsaintbaudry.fr

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